III. Le goût Plan de la partie III A. Le goût du 19 ème1. Evolution de l'école 2. Le jury des salons au 19 ème 3. Pas d'opposition aussi franche entre les pompiers et les impressionnismes 4. Delacroix (1798-1863) B. Le goût actuel : Aujourd'hui, le divorce avec la population 1. Généralités 2. Quelques faits 3. Depuis 1991, critiques violentes contre l'art contemporain 4. Le goût actuel des français 5. Les idées de ceux qui aiment Retour au plan de histoire de l'art
III. Le goût
Les professeurs des BA sont des artistes reconnus et renommés ( Cabanel, Gérôme, Bouguereau, Bonnat, Delaunay, G. Moreau pour les peintres, Jouffroy, Chapu, Falguière, Mercié pour les sculpteurs ) Culte de la beauté antique, distinction, goût du travail sérieux et de l'effort, de la persévérance, Compliments de critique d'art : "travailleur infatigable" pour Gérôme, "opiniâtreté de son labeur" pour Cabanel Nouveau goût développé au 19 ème pour les paysages. Une lassitude s'installe cependant sur la répétition de voir toujours les mêmes peintures aseptisées. Sous l'école royale, seul le dessin était enseigné (2h par jour). Au 19 ème avant 1863, les élèves s'exerçaient dans des ateliers privés dirigés par des maîtres reconnus : après avoir obtenu une bonne maîtrise du dessin, ils étaient autorisés à pratiquer la peinture ou la sculpture. Création des ateliers en 1863 à l'école des BA. Exactitude du dessin en anatomie et perspective (les artistes devaient être aussi compétents que des médecins !). Perte de la mainmise de l'institut sur l'école en 1863 : Le rapport de Nieuwerkerke précise que la nomination des professeurs est rendue à la prérogative ministérielle et prévoit une refonte de l'enseignement.... Mais rétablissement des pouvoirs de l'académie des beaux-arts par la IIIème république. L'Institut effectue sa tutelle sur l'école des B-A sans interruption jusqu'en 1970.
Grand succès des salons. En 1846, 1million 200 milles entrées en 3 mois ! Un nombre élevé d'œuvres est présenté 1827/28 3471 examinés en 4 mois 1833 jugement en 10 jours. Beaucoup de refusés surtout des demoiselles. 1839 1000 refus dont beaucoup d'amateurs. 1840 23 jours pour juger 4000 pièces ( 45 tableaux à l'heure) 1861 de plus en plus d'absents au jury. Limitation à 4 du nombre d'oeuvres par exposant 1863 Limitation à 3 œuvres par artiste par décret de l'Académie des B-A 1864 Limitation à 2 œuvres par artiste 1867 3000 oeuvres proposées 1872 4800 œuvres furent proposées , 1400 acceptés , 3400 refusés. De nombreuses incohérences : Gigoux refusé en 37 et admis en 38 pour la même œuvre. Idem Delacroix. Voir propos de Georges Sand pour son fils.
1827/28 le jury est l'objet de critiques 1833 président du jury insulté, la presse parle de censure, d'exclusions monstrueuses 1840 2 pétitions envoyées à l'assemblée 1861 2 pétitions contre la limitation à 4 du nombre d'oeuvres par exposant (l'une est signé par des dangereux activistes, des peintres "pompiers" : Gérome, Cabanel, Meissonier, Bouguereau,... !!!!) Delacroix refuse de participer aux délibérations du salon. 1862 Ingres critique le jury 1866 Manifestation d'artistes contre le jury du salon à son ouverture 1867 3000 oeuvres proposées. 2000 refusés ! D'où une pétition des artistes. Mécontentement des peintres en raison des refus et des mauvais accrochages. Mécontentement parfois du public critiquant le choix du jury.
Beaucoup de modifications dans le mode de désignation du jury. En général toujours une partie nommé de non-artistes. 1849 Jury nommé par scrutin de liste par toutes les personnes proposant une œuvre (646 votants) 1852 ceux admis aux précédents sauf 1848 sont votants (330 votants) 1857 plus d'élection 1863 Décret annonçant que le salon deviendra annuel. Création du salon des refusés. 1864 votants : ceux ayant déjà eux des honneurs (233 votants) 1865 Accroissement du nombre des jurés (de 12 à 24 pour la peinture, de 8 à 12 pour la sculpture). Le nombre des jurés élus parmi les artistes médaillés ou décorés est ramené des 3/4 au 2/3. 1866 Parution du règlement pour 1867 fixant à 1/3 le nombre des membres de l'académie des Beaux-Arts 1868 2/3 du jury élus par tous les artistes ayant exposé une fois (800 votants) 1875 3/4 du jury tiré au sort parmi les honorés 1876 retour au mode antérieur (246 votants) 1879 Votants : honorés jusqu'à admis 3 fois (960 votants) Jules Ferry est ministre. Création de deux sections : histoire et figure (10 membres) ; paysage, animaux, nature morte, fleurs (5 membres) 1880 979 votants 1881 La gestion devient indépendante et tend à ressembler à une élection politique Le résultats montrent une grande cohérence entre les années quelque soit le système de nomination ou élection. Les peintres dits pompiers, néoclassiques sont aussi bien reconnus par le pouvoir que par leurs pairs ( Cabanel, Gérôme, Fromentin, Meissonier et aussi Delacroix )
1874 La section peinture comprend le dessin, aquarelles, miniatures, émaux, porcelaines, cartons de vitraux et vitraux 1879 Création de deux sections : peinture d'histoire et de figure (10 membres) ; peinture de paysages, de nature morte, d'animaux, de fleurs (5 membres)
- Monet (1840-1926) Renoir (1841-1919)
Manet et Carolus Duran, Degas et Gustave Moreau et Bonnat, Monet et Helleu Bouguereau et les impressionnistes avaient le même marchand de tableaux Durand-Ruel (Monet a été impressionné par la quantité de tableaux qu'avait celui-ci)
Les pompiers : Jean Léon Gérôme, Bouguereau, Meissonier (peintre des champs de bataille), Alexandre Cabanel ( la naissance de Vénus) Les symbolistes : Gustave Moreau, Odilon Redon Auguste Rodin Puvis de Chavannes, Emile bernard, Maurice Denis, Paul Ranson, Paul Sérusier, Georges Lacombe, Félix Vallotton Etc...
Ami de Blanc et de Baudelaire. Rivalité avec Ingres. Refus en 1827/28, refusé en 1833, accepté en 1834, refusé en 36, admis en 38 pour la même œuvre (Médée)! (1849 ?) fait partie du jury 1857 devient membre de l'institut
B. Le goût actuel : Aujourd'hui, le divorce avec la population 1. Généralités L'activité artistique se défini en opposition à la vie quotidienne (Baudelaire, Flaubert, Mallarmé) . L'artiste se définit en opposition ou en inversion du monde environnant comme faisant partie de l'avant-garde. D'ou le mépris que l'on trouve dans certains propos d'artistes. Malheureusement pour cette vision, le niveau culturelle a beaucoup augmenté comme l'indique le nombre d'années des études. L'illettrisme était très important au 19 ème (27 % d'illetrés vers 1870-1880. Sous le second empire (1852-1870) de Napoléon III, les collèges et les lycées ne comptent que 5% des garçons et 1 % des filles ! Que 6000 baccalauréat à la fin de son règne !). La population actuelle a également la possibilité d'avoir des activités artistiques. Camille saint Jacques Artiste, et après editions Chambon 701 ART Bibliothèque municipale 16 % des francais ont fait du dessin, 10 % de la peinture, de la sculpture, de la gravure, 11 % une pratique de l'écriture (enquête de 1997 du ministère de la culture). En réalité, il n'y pas d'un côté le peuple inculte et l'élite mais une continuité entre les deux d'après le linguiste Tzvetan Todorov, chercheur CNRS sur les arts et les langages). 2. Quelques faits - Croissance très importante des surfaces moyennes des œuvres vendues en salle des ventes : 3 m2 pour les peintres nés entre 1880 et 1900 ; 4,5 m2 pour 1900 et 1920 ; 7,5 m2 pour 1920 et 1940 ; 11 m2 pour ceux nés après 1940. Actuellement, gigantisme ou poids énorme des œuvres sauf exception. - Le critique américain Harold Rosenberg disait que les peintures étaient aujourd'hui perçues avec les oreilles. - Dans les jury à Lyon et ailleurs, des élèves sont recalés à l'examen s'il choisissent comme spécificité la peinture. La peinture à l'huile n'a plus le droit de cité. - Les mouvements suivent une mode tous les 5 ans . (Moulin et également un défenseur de l'art contemporain Gilbert Brownstone) - La fréquentation des centres d'art contemporain concernent en grande partie les étudiants relatifs aux BA et les professionnels. - Le jugement est suspendu dans 40 % des cas lors de la visite de la biennale de paris, ceci pour un public averti. - Foule des vernissages opposée aux salles vides en temps ordinaire. - Cependant, le prix d'œuvres figuratives peuvent atteindre 400 000 francs (1992).
3. Depuis 1991, critiques violentes contre l'art contemporain décrit dans : " La crise de l'art contemporain de Yves Michaud, 1997 Le massacre de la sensibilité de Georges Mathieu, membre de l'académie des Beaux-arts, Odilon media 1996 Fonctionnement et dysfonctionnements de l'art contemporains de Fred Forest, L'Harmattan, 2000 Jean-Philippe Domecq, Artistes sans arts ? Jean-Philippe Domecq, Misère de l'art. Essai sur le dernier demi-siècle de création " 4. Le goût actuel des français
Les français rejète l'art contemporain d'après le sondage de Beaux Arts magazine n°200 janvier 2001 (sondage au résultat voisin en 199 ?) Sondage 1 : si vous aviez une certaine somme d'argent à dépenser pour acheter une œuvre d'art, préféreriez-vous acheter : 44 une œuvre originale d'un jeune artiste 21 une reproduction de grande qualité d'une œuvre de maître appartenant à l'histoire de l'art 21 une œuvre ancienne originale d'un artiste peu ou pas connu 14 NSP Sondage 2 : " qu'est ce qui vous intéresse le plus en matière d'art ? " 44 l'art ancien c'est à dire jusqu'au 19 ème " 20 l'art moderne c'est à dire compris entre le début du siècle et 1960 14 l'art d'aujourd'hui, c'est à dire depuis 1960 9 L'art primitif (ex : sculptures africaines) 13 NSP Ainsi, les personnes aimeraient acheter une œuvre d'un jeune peintre mais préfère l'art ancien : ils sont déçus de l'art " contemporain " Sondage 3 : le goût des français pour 15 œuvres contemporaines Seuls 2 œuvres dépassent le score de 50 pour cent du sous-total " j'aime " (j'aime bien parce que c'est beau + j'aime bien parce que c'est intéressant). Le score " je n'aime pas " est très constant pour les autres car il va de 42 à 53.
D'après Philippe Dagen, les musées étaient délaissés dans les années 60 et 70. 1974 centenaire de l'impressionnisme : 500 milles 1977 Courbet 250 milles 1979 Magritte 400 milles 1980 Monet 500 milles 1982 Pollock 250 milles 1983 Manet 700 milles Le Lorrain 200 milles 1984 Dali 840 milles Bonnard 500 milles Kandinsky 350 milles 1985 Renoir 800 milles 1986 Boucher 200 milles, Fragonard 400 milles 1988 Degas 500 milles Zurbaran 200 milles 1989 Gauguin 650 milles 1991 Seurat 400 milles Simon Vouet 100 milles 1992 Lautrec 700 milles Picasso 150 milles 1993 Matisse 750 milles 1994 J. Beuys 120 milles 1995 Caillebotte 400 milles pareil que Poussin la même année Brancusi 400 milles 1995/6 Cézanne 600 milles Bacon 350 milles
5. Les idées de ceux qui aiment Longue familiarisation pour apprécier d'après Clement Greenberg " il faut que cela soit dérangeant, provocant, hermétique ". Dans leur propos, ne font pas allusion à l'amour de l'art et à la délectation esthétique. Le plaisir est d'ordre cognitif. L'art devient sans œuvres : Art minimal ou conceptuel : descriptif des œuvres à réaliser Impression d'appartenir à l'avant-garde. Mécénat pour certain. C'est un passeport pour entrer dans une certain milieu. Cependant, même dans le micro-public de l'art contemporain, un rejet existe selon l'acceptation ou non de la nouvelle transgression. Le premier critère d'évaluation en art contemporain est la date.
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